En Route-Kaddish

Parti pour la Palestine en 1934, Yehouda Ben Porat s’engage dans la Seconde Guerre mondiale au sein de la Brigade juive de l’armée anglaise, puis participe à la guerre d’indépendance de l’État d’Israël. Il déserte puis revient fonder l’Institut de recherche sur l’Histoire d’Israël en 1971. David Geselson, son petit-fils, s’est emparé de ses questions identitaires pour raconter l’histoire de ce ≪ héros ≫.
David Geselson entreprend d'écrire et de réinventer l'histoire de son grand-père, Yehouda Ben Porat, mort en 2009. Le grand-père et le petit-fils vont se raconter, entre Jérusalem, Gorcht, Paris et Tokyo : un homme dont l'idéal s'est brisé, et un jeune homme qui hérite d'une histoire impossible à porter.
  • Entre réel documenté et mythe familial

David Geselson entreprend d'écrire et de réinventer l'histoire de son grand-père, Yehouda Ben Porat, mort en 2009 à Jérusalem. Parti de sa Lituanie natale en 1934 pour s'installer en Palestine, Yehouda a traversé les étapes de la construction de l'Etat d'Israël, de l'idéal du kibboutz à la tragédie de la Nakba, avec l'exode palestinien de 1948.

Le grand-père et le petit-fils vont se raconter, entre Jérusalem, Gorcht, Paris et Tokyo : un homme dont l'idéal s'est brisé, et un jeune homme qui hérite d'une histoire impossible à porter. Quelles vies les fardeaux de l'Histoire passée nous permettent de choisir ? Jusqu'où la poursuite d'un idéal peut justifier nos actes ?

  • La presse

« Une suite de séquences pleines d’humour, d’amour. De vie. » Brigitte Salino, Le Monde

« Un trajet intime et politique conté avec sensibilité. » Emmanuelle Bouchez, Télérama

« David Geselson narre avec humour et profondeur le parcours de son grand-père en Israël-Palestine. » Fabienne Arvers, Les Inrockuptibles

  • Entretien avec David Geselson

Qu’aviez-vous envie de raconter avec En Route-Kaddish ?
Dans un premier temps, j’ai eu envie de raconter des histoires qui n’étaient pas les miennes, d’adapter des textes. J’ai voulu monter des nouvelles d’Haruki Murakami et je suis parti à Tokyo pour y travailler. Mais à mon retour, j’ai appris que je n’aurai pas les droits pour l’adaptation. Alors j’ai commencé à écrire mes propres nouvelles, à raconter mes tribulations japonaises. Au fil de ces récits autofictionnels, est apparue la figure de mon grand-père Yehouda. J’ai entrepris alors de raconter son histoire.

Et pas seulement son histoire vraie… Dans ce projet d’écriture, il a été aussi question de parler d’un héritage difficile à porter par ma génération de trentenaires, au XXIe siècle. Cet héritage contient des histoires d’hommes et de femmes ayant traversé deux guerres mondiales et d’énormes bouleversements géopolitiques. Et en matière de politique et de géographie, le parcours de mon grand-père était impossible à ne pas questionner. Je voulais raconter son histoire, celle d’un type qui part de Lituanie à dix-neuf ans pour s’installer en Palestine au début des années 1930 et essayer de décrire la vie qu’il a menée là-bas. Cela m’a conduit nécessairement à questionner mon rapport au conflit israélo-palestinien, étant donné que cet homme est mon grand-père, et que je viens de là, de ce déplacement là.

Comment considérez-vous cet héritage ?
Je me sens extrêmement proche de ce que dit Hannah Arendt dans la préface de Crise dans la Culture : cet héritage, cette mémoire, ne doit pas être un poids mort qui nous tire vers le passé, mais quelque chose qui nous pousse vers l’avenir, ou en tout cas vers la pensée. Ce projet est comme une tentative de se placer au-dessus de ce point de rencontre, de combat, entre les forces du passé et celle de l’avenir, cette brèche dans le présent, qui peut être stérile et paralysante si on la subit. Il s’agit de sauter au-dessus de ce point de collision, et de prendre la tangente, la diagonale, qui naît de ce noeud et qui part vers l’infini. Partir de ce présent-là, et faire de la célébration de la mémoire un prétexte pour produire de la pensée, plutôt qu’une stérile photographie nostalgique.

Dans la construction narrative de votre spectacle, la fiction et la réalité ne cessent de se rencontrer ni de s’interroger. C’est une histoire que l’on nous raconte. La narration reste-t-elle finalement toujours du côté de la fiction ?
Il y a une rupture dans la narration qui a posé question dans l’écriture. Les épisodes fictionnels s’arrêtent en 1941, pendant la guerre. Il y a un noeud historique après-guerre, avec la création de l’État d’Israël et la Nakba, après quoi il m’était très difficile de continuer à écrire les histoires de Yehouda. J’ai donc construit un débat entre lui et David sur la question du territoire, qui se situe hors du temps, une sorte de dialogue avec les morts. Après ce dialogue, une nouvelle histoire peut se raconter et dépasser le débat. Ma nécessité, à ce moment-là, est de mettre en scène l’irrésolution absolue de ce lieu-là, où se déroule une tragédie quotidienne. On peut tout juger, à l’aune de sa subjectivité. Mais une fois les faits exposés, qu’est-ce qu’on peut décider ?

Et sur cette question du conflit, quel est votre point de vue dans la pièce ?
Il s’agit d’exposer la complexité des faits et de dire l’impossible résolution. Il s’agit également de montrer comment le conflit écrase tout. Comment, intimement, s’en sortir ? La pièce part de l’intime pour rejoindre le politique : comment en parler dans la Cité ?

C’est en ce sens que la pièce est politique et non pas militante. Elle propose une parole publique complexe, ne résout rien, n’appelle pas à prendre un parti. J’espère exposer la complexité des histoires et la richesse de cette complexité. Si cela peut délivrer une parole différente de ce qu’on entend habituellement sur le conflit, tant mieux. Mais le conflit israélo-palestinien n’est pas le centre du spectacle.

Entretien réalisé par Elsa Kedadouche, pour le Théâtre de la Bastille, février 2014, avec l’aimable autorisation du Théâtre de la Bastille

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Spectacle terminé depuis le dimanche 3 avril 2016

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