De mémoire

• L'histoire revisitée

Quand Thomas se rend chez Monsieur Henri, c'est toujours le grand vide. Impossible de reconstituer les bribes de son passé. Ce matin pourtant, Thomas va confier à Monsieur Henri les rêves étranges qu’il fait depuis peu.

Et si Louis XVI et Marie-Antoinette avaient échappé à la guillotine ? Et si Armstrong et Aldrin l’avaient joué à chifoumi pour descendre sur la lune ? Et si la Joconde ne souriait pas à cause d’une histoire de chaussettes sales ?

Ensemble, Thomas et Monsieur Henri vont marcher avec légèreté sur le fil de nos frises chronologiques. Ensemble, ils vont refaire l’histoire. Car finalement, qu’est-il arrivé à Thomas ?

• Note d'intention des auteurs

De Mémoire, c'est avant tout une rencontre. Ou plutôt des rencontres. Celles de personnages historiques célèbres, éclaireurs, parfois bienfaiteurs, qui ont façonné notre société moderne en bouleversant ses codes et ses repères.

Acteurs majeurs de leur époque, ces couples mythiques doivent souvent à leur moitié leur passage à la postérité. Qu’auraient accompli De Gaulle sans Churchill, Léonard de Vinci sans Mona Lisa, Armstrong sans Aldrin, Louis XVI sans Marie-Antoinette... ? Tous ces noms familiers nous renvoient à nos manuels scolaires, à un monument, une rue, un tableau. Ils sont les racines de notre mémoire collective.

De personnes emblématiques, tous sont progressivement devenus personnages, s’effaçant derrière un événement, comme figés dans la solennité de l’Histoire. L’idée nous est alors venue de réinventer leur histoire, de leur redonner vie. Nous avons voulu percer le mystère, dépoussiérer les mythes. Quand il n'est plus question de personnages illustres mais d'hommes et de femmes avec leurs émotions, leurs envies, leurs angoisses.

Tout en levant le voile sur leur intimité, il nous est apparu important d’instaurer un équilibre de pouvoirs entre les deux rôles, tant au niveau de l’écriture que de la mise en scène. L’un comme l’autre peuvent, dès lors, par leur personnalité, faire basculer l’histoire.

L’approche par le rire nous permet de fédérer un public large et de poser un regard neuf sur ces standards de culture générale, en jouant sur les décalages.

Ce spectacle n'a pas de vocation didactique propre - nous ne cherchons pas à retracer fidèlement ce qui a pu se passer mais au contraire à nous en détacher. Il est une invitation à se replonger dans l’Histoire autrement, à un voyage impertinent entre les siècles. Nous avons l'intime conviction que le théâtre comme l'Histoire sont de formidables terrains de jeu de l'imaginaire, et qu’il revient à chacun de se réapproprier les mythes. Afin que chacun puisse, à son tour, refaire l'Histoire.

Victor Dalmas et Julien Laurent

• Ils en parlent

« Ce sont deux talents (...) Ils sont épatants, j'ai l'impression de voir Podalydès et Gallienne il y a vingt ans. On rit, on est enthousiasmé par la fraicheur et la qualité du jeu. » Christophe Mory, La tendance culturelle, BFM, Juin 2015
« Victor se transforme en Louis XVI et Julien enfile sa robe de Marie-Antoinette (…) ils revisitent les événements majeurs de l’Histoire (…) La force de leur duo, c’est leur capacité de se remettre en question tout le temps. » Fais-le !, Avril 2015

• Extrait

Au centre de la scène Joseph et Marie. Marie, assise, tricote et siffle « douce nuit ». Joseph, allongé, tente de trouver le sommeil. Il finit par s’endormir. Marie essaie par tous les moyens de l’en empêcher.

Marie (chuchote de plus en plus fort à l’oreille de Joseph) : Joseph. Pssst Joseph ! Tu dors ?
Joseph (grommelle) : Plus maintenant.
Marie (chuchote) : Joseph…
Joseph : Hum ?
Marie : J’arrive pas à dormir.
Joseph (en baillant) : Ba essaye minouche.
Marie (tente de bailler mais n’y arrive pas) : J’ai un petit creux. T’as pas quelque chose à grignoter ?
Joseph : On n’a plus rien Marie, tu vois bien qu’on est sur la paille.
Marie (regarde autour, apeurée) : C’est vrai que pour le bébé c’est vraiment l’idéal de dormir ici ! Je vais finir par choper la toxo Joseph ! Joseph ? !
Joseph : Hum…
Marie : Comment on va lui dire au petit ?
Joseph : Comment on va lui dire quoi ?
Marie : Bah que t’es pas son père.
Joseph (excédé) : Mais je suis son père !
Marie : Oui enfin tu vois ce que je veux dire…
Joseph : Oh écoute je suis naze, arrête ! (se relève)
Marie : Et pour l’état civil, comment on fait ? On l’inscrit à quel nom ?
Joseph (solennellement) : Au nom du père.

Texte déposé à la SACD