De looping en looping

Après une première collaboration entre l’écrivain Ronald Kay, le musicien Juan-Guillermo Dumay et la danseuse Alexandra Mabes pour une création collective à Santiago du Chili (2012), le duo Mabes/Dumay revient avec une pièce hybride où la danse plonge dans le bruit musical de la parole. Des textes choisis sont enregistrés in situ sur des bandes magnétiques, reproduites en itération permanente, qui sont réalimentés via le microphone de façon systématique et cyclique. La bande magnétique fait un tour de quelques mètres au milieu de l'aire de jeu. Ce périmètre délimité par la bande est utilisé par la danseuse comme une zone dans la zone. Ce dispositif est doublé en miroir, ce qui génère deux zones internes égales et symétriques. Les HP sont positionnés autour de l'aire de jeu de façon à créer une sensation d'immersion sonore. La figure de looping se déploie dans les zones intriquées, dans un jeu d'oscillation, d'aller et retour et de bruissement, par une écriture de plateau. D'où une composition musicale vivante : à la fois générée et dévoilée en temps réel. Corps de la danseuse, voix parlée du musicien, objets résonants, bande qui tourne, ces matériaux interagissent avec les interprètes (la danseuse et le musicien). En ressort un effet de sédimentation crée in situ qui fait le cœur de la composition musicale, tandis que se donne à entendre sur un premier plan le témoignage sonore de la performance chorégraphique. Dans cette scène circulaire, auditeurs et auditrices sont invités à expérimenter la notion d'écosystème autonome.