Plus d’un siècle après son coup de tonnerre inaugural, la révolution des Ballets russes n’en finit pas d’irriguer la création.
Dominique Brun, déjà auteure d’une recréation de L’Après-midi d’un faune (1912), réunit au cours d’une soirée exceptionnelle spécialement conçue pour le Théâtre Jean Vilar trois pièces emblématiques de la compagnie de Diaghilev : Le Sacre du printemps (1913) de Vaslav Nijinski, dont elle propose une reconstitution historique, ainsi que Les Noces (1923) et Un Boléro (1928) de sa sœur Bronislava Nijinska. Le génie de celle qui fut l’unique femme chorégraphe de la troupe est souvent éclipsé par celui de son très illustre frère aîné.
C’est pourtant elle, qui la première, adapta et dansa pour la compagnie d’Ida Rubinstein en 1928 ce Boléro composé par Maurice Ravel. Sa chorégraphie audacieuse et sensuelle allait ensuite inspirer le célébrissime Boléro de Maurice Béjart. Dans un esprit arabo-andalou empruntant aussi au Bûto japonais, Dominique Brun co-signe avec François Chaignaud une réinvention audacieuse de ce solo mythique.
En revanche pour Noces, entre inspirations folkloriques et gestuelle très contemporaine, la chorégraphie frappe par son étonnante modernité. Elle met en lumière la brutalité de ces mariages forcés, qui satisfont aux rituels de la communauté au détriment du désir des époux. En deuxième partie, le Sacre#2 s’impose comme une véritable déflagration cosmique. Dominique Brun, au plus près des sources d’époque, reconstitue la formidable dynamique des corps sur la partition originale de Stravinsky. Et rend à ce chef-d’œuvre toute sa force intemporelle.
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