L’œuvre du cinéaste Norman McLaren (1914-1987) reste méconnue en France et pourtant il est considéré dans le monde anglo-saxon comme l’un des grands maîtres du cinéma d’animation. D’une créativité débordante et presque sans limites, il n’a eu de cesse d’expérimenter de multiples techniques du traitement de l’image sur pellicule, grattage et rajout de peinture, superposition et pixellisation, stop motion (animation en volume)… comme de celui du son. Il porta également une attention particulière envers les formes de mouvement, en particulier ceux de la danse classique, un art qu’il découvrit à Londres grâce à son compagnon de l’époque. Une personnalité, un univers et une créativité qui ne pouvaient que retenir l’attention du danseur et chorégraphe Guillaume Côté (que l’on a pu admirer en Nijinsky dans le ballet de Neumeier ici-même à l’automne 2017 avec le Ballet National du Canada) et de Robert Lepage, artiste multidisciplinaire (auteur, metteur en scène, acteur, réalisateur) qui n’aime rien d’autre que transcender les frontières du spectacle vivant. Leur hommage Frame by Frame (image par image) adopte avec brio cette notion d’expérimentation si chère à McLaren, cette façon de « tordre le cou » aux images qu’elles soient sur une pellicule ou délivrées par des corps sur scène. Frame by Frame submerge les frontières des apparences et se joue avec intelligence des effets de perception. C’est diablement moderne, fort et surprenant et à découvrir de toute urgence.
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