Spectacle présenté en langue allemande, surtitré en français. Richard et Corinne, un couple de Londoniens, se sont retirés à la campagne. Ils ont fui la ville comme on entreprendrait une cure de désintoxication. Dès la première scène, la relation entre les deux époux est comme au bord d’un gouffre. Richard, médecin, a recueilli une jeune femme, Rebecca, qu’il dit avoir trouvée sur le bas-côté de la route, en danger. Elle dort. Corinne questionne son mari avec une insistance de plus en plus aiguisée. Le soupçon rôde… Dans cette pièce, les pensées de chaque personnage vont très vite, parce qu’ils mentent énormément. À cette vitesse, ils ont du mal à ajuster leurs pensées, situer leur corps. La plupart du temps, ils n’écoutent pas vraiment l’autre, mais calculent autre chose dans leur tête. Le « quoi ? » qu’ils utilisent sans cesse est une façon de gagner du temps avant de répondre. Souvent, ils disent la vérité parce que souvent, ils mentent. Ils mentent énormément, parce que la vérité est souvent difficile à supporter. Richard dira à Rebecca : nous n’avons pas assez de mots pour exprimer la vérité. Rebecca dira à Richard : nous avons les mots mais nous ne voulons pas les utiliser parce que c’est trop douloureux.
Martin Crimp
– Il n’y a pas de limites à ce qui peut être dit, seulement une limite au degré d’honnêteté que nous sommes disposés à atteindre. […] Dis-moi ce que tu penses qu’on ne peut pas dire.
– Comment pourrais-je te dire ce que je ne peux pas – je te demande pardon ? – dire ? Quoi ?
– Exactement. Eh bien, exactement. Parce qu’il n’existe/rien de tel.
– (Doucement) J’aurais dû te laisser sur ce putain de chemin.
– Quoi ?
– J’aurais dû te laisser sur ce putain de chemin.
– Me laisser ?
– Et ça, c’est la vérité. Te laisser là.
– Tu veux dire pour morte ?
– Je veux dire – oui, en effet – pour morte. Pause.
Extrait de La Campagne, IV, Rebecca et Richard
texte français Philippe Djian
15, rue Malte Brun 75020 Paris
Station de taxis : Gambetta
Stations vélib : Gambetta-Père Lachaise n°20024 ou Mairie du 20e n°20106 ou Sorbier-Gasnier
Guy n°20010