Pigale, c’est un club très privé où on accepte tout le monde.
« Ils veulent que j’arrête. Ils veulent que j’arrête. C’est venu comme ça, sans prévenir, sans le moindre signe, même pas une réflexion avant, pour que je me prépare à ça. Rien d’avant coureur, rien d’apparent que j’aurais pu voir venir ou sentir. C’est dingue. J’ai rien vu. Rien senti. Rien compris. Rien n’a changé dans leur comportement. Rien. Que de la routine. Salut ma belle, comment ça va Bianca ? Non c’est venu tout seul comme une simple exécution, genre : je t’emmène en balade, on va marcher tous les deux dans la forêt printanière. Regarde le ciel. Et une balle dans la tête. C’est comme si on m’avait craché dessus en plein visage et que personne ne bouge, personne ne fasse attention. Je suis comme un mollard qui flotte et qui se disloque au fil de l’eau. J’ai honte. Ils veulent que j’arrête. »
Les dernières heures d’une ancienne strip-teaseuse au peep show A Love Suprême. Bianca n’a plus vingt ans, son corps commence à trahir son âge. Elle ne fait plus recette. Toute une carrière d’effeuillage défile derrière la vitre sans tain. L’industrie du porno renvoie au néant les déesses de l’éros vieillissantes. Les ombres tristes ont besoin de chair fraîche.
Noir. Baisser de rideau.
Avenue de Marigny 75008 Paris