Présentation
Note d'intention
4.48 psychosis vu par Edward Bond
Pendant une de ses périodes de dépression, Sarah Kane se trouvait réveillée chaque matin à 4h48. Elle prit cet instant, l'heure la plus sombre, juste avant l'aube, et trouva en lui un moment de grande clarté, un moment où les confusions de la grande psychose semblent s'évaporer. 4h48 est un rapport d'une région de l'esprit que la plupart d'entre nous n'ont jamais visitée mais dont beaucoup de gens ne peuvent s'échapper. Les représentations seront précédées par la projection de Skin, un film de 10 minutes écrit par Sarah Kane.
La réalité, nos certitudes ont changées. Sarah Kane dresse une carte, un plan, trace une route, un itinéraire. Les plus noirs et le plus inoubliable des paysages intérieurs.
Paysages de viols, de solitude, de pouvoir, de collapse mental et avec logique (donc) le paysage de l'amour. Il nous faut regarder au delà des images, il nous faut trouver le sens, sans quoi nous sommes condamnés à nous suicider avec une société qui se suicide.
La seule issue est de tout faire pour comprendre si l'on ne veut pas mourir dans une inconscience criminelle. 4.48 n'est pas comme certains ont pu le dire une pièce pessimiste écrite par une jeune adolescente suicidaire et frustrée. C'est une pièce optimiste par le simple fait qu'elle existe.
Dans le texte Sarah Kane pousse plus loin les éléments formels explorés dans Crave (manque). Cette fois il n'y a plus de voix " linéaires " et pas d'indication sur le nombre et le genre des personnages. La même fragmentation de soi, la perte des limites des expériences de l'esprit.
L'écriture consiste en monologues et fragments de dialogues prenant place entre les figures qui ressemblent à un docteur et un patient. Anonyme, la voix de l'autorité peut être aussi un amoureux, un ami, ou peut-être simplement le dialogue d'un patient avec lui-même.
4.48 n'est pas une lettre à quelqu'un mais une pièce. La totalité de la pièce décrit la paysage intérieur d'une psychose suicidaire. Un paysage plus extrême et plus impitoyable que tout ce qu'elle avait décrit dans ses précédentes pièces. Il ne faut pas chercher Sarah kane derrière les mots mais transporter la pièce avec notre propre présence, nos propres craintes d'auto-destruction et nos propres impulsions vers eux.
Il faut lire la pièce pour ce qu'elle dit de nous-mêmes. Pendant une de ses périodes de dépression, Sarah Kane se trouvait réveillée chaque matin à 4h48. Elle prit cet instant, l'heure la plus sombre, juste avant l'aube, et fonda en lui un moment de grande clarté, un moment où les confusions de la grande psychose semblent s'évaporer.
Le paradoxe dans la pièce provient de ce que ce moment de clarté est le moment où la désillusion est à son plus fort. 4.48 est un rapport d'une région de l'esprit que la plupart d'entre nous n'ont jamais visitée mais dont beaucoup de gens ne peuvent s'échapper. 4.48 fait partie des textes essentiels de la littérature dramatique, comme Electre, Antigone, Lear, La Mouette, Sauvés, Woyzeck.
A la fois théâtre de sa génération et en même temps un miroir tendu à nous-mêmes. Elle peut être jouée par une voix ou plusieurs acteurs. J'ai choisi une actrice. Nous jouerons dans la même scénographie que pour Blasted (anéantis) - l'oeuvre de Sarah Kane dans un espace unique.
Christian Benedetti
" Notre théâtre ne donne à ces jeunes auteurs de talent aucune chance de s'épanouir. A la place ils créent un Théâtre de Symptômes. Quand Blasted (anéantis) de Sarah Kane a été mis en scène les critiques l'ont attaqué avec la rage panique qui est le signe que finalement ils écrivent sur quelque chose de profondément important.
C'est la seule pièce contemporaine que je souhaiterais avoir écrite. Elle est révolutionnaire. La contre-révolution est venue rapidement : elle s'est suicidée.
4.48 est son avis de suicide, très personnel. Mais les auteurs dramatiques deviennent aussi important qu'elle (l'était devenue) uniquement si leur psyché est publique. Ni Dieu ni nos gènes ne nous donnent notre humanité, nous la créons par notre culture. Nous avons cessé de la créer. Nous sommes morts et maintenus en vie par le respirateur artificiel de notre colossale technologie. Nul doute que nous l'éteindrons.
4.48 est une grande pièce, amèrement comique, pleine d'un désir de vie. C'est aussi un document de notre temps. Lisez-le - cet avis de suicide est votre nécrologie. "
Edward Bond
Un texte choc, tant par ce qu'il nous transmet que par ce qu'il dit. Une fin, un combat pour dire que ça finit, et pourquoi ça dégringole, dans la tête... le manque d'amour, l'impossibilité ou l'incapacité d'une personne, d'un monde à se trouver une réponse ou la terrible nécessité de dire que ça ne doit plus être...ainsi. Et Ingrid Jaulin, merveilleuse, précise, livre au public, un personnage dur, beau, au bout de sa lutte, et aussi lucide sur son histoire. J'ai vu avec beaucoup de tendresse cette actrice dans cette mise à nue de l'âme déchirée. La mise en scène est juste, au service du texte, et de l'actrice parfaitement dirigée. Le Théâtre Studio est un lieu parfait pour ce spectacle qu'il faut absolument voir sans faute !
Un texte choc, tant par ce qu'il nous transmet que par ce qu'il dit. Une fin, un combat pour dire que ça finit, et pourquoi ça dégringole, dans la tête... le manque d'amour, l'impossibilité ou l'incapacité d'une personne, d'un monde à se trouver une réponse ou la terrible nécessité de dire que ça ne doit plus être...ainsi. Et Ingrid Jaulin, merveilleuse, précise, livre au public, un personnage dur, beau, au bout de sa lutte, et aussi lucide sur son histoire. J'ai vu avec beaucoup de tendresse cette actrice dans cette mise à nue de l'âme déchirée. La mise en scène est juste, au service du texte, et de l'actrice parfaitement dirigée. Le Théâtre Studio est un lieu parfait pour ce spectacle qu'il faut absolument voir sans faute !
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