Jirô Taniguchi

Jirô Taniguchi

Récompensé plusieurs fois au prestigieux festival de BD d’Angoulême, Jirô Taniguchi est l’un des mangakas les plus célèbres en Europe. Eclairage sur un humaniste inspiré.

Tottori, 1947 : dans cette région du Sud-ouest du Japon, entre la mer et les dunes de sable à perte de vue, naît Jirô Taniguchi qui bientôt distillera son talent et sa douce mélancolie dans l’univers de la bande dessinée. Auteur prodige et prolifique, il se lance dans la BD dès 1970 et signe son premier album solo en 1991. Lauréat de prix d’excellence au Japon, c’est surtout l’Europe qui célèbrera son art : le festival d’Angoulême attribue le prix du meilleur dessin à Sommets des dieux et du meilleur scénario à Quartier lointain. Le dessin de Taniguchi se distancie du manga traditionnel, au trait rond et naïf, pour affirmer un style proche de la ligne claire occidentale des années 1960. Pas étonnant alors que les grandes maisons européennes le repèrent.

Casterman publie la majorité de ses ouvrages. Les éditions Dargaud et Kana s’intéressent aussi à cet infatigable travailleur. C’est d’ailleurs chez Kana qu’est paru le remarquable Icare, récit de science-fiction cosigné avec un autre maître de la BD : le Français Moebius. Taniguchi découvre l’univers des bulles à 25 ans, par les comics américains, seules BD étrangères disponibles à l’époque. La BD franco-belge vient ensuite. Mais surtout, c’est le réalisateur nippon Ozu qui nourrit son inspiration encore et toujours. De ce génie du cinéma, il retient l’universalité des histoires et la simplicité efficace avec laquelle il les raconte.

L’oeuvre de Taniguchi peut sembler éclectique au premier abord. Il aborde la SF, maîtrise le fantastique (Le Chien Blanco, La Montagne magique, Un Ciel radieux), confronte ses personnages à la force impériale de la nature (L’Homme de la toundra - inspiré de Jack London-, Le Sommet des dieux), narre le quotidien et ses infimes détails (L’Orme du Caucase, Le Promeneur, Quartier lointain). Pourtant, c’est toujours une même délicatesse, un raffinement et un humanisme pudique qui traversent ses albums. Un rythme souvent lent, un esprit contemplatif et serein nimbent son travail où la frontière entre fantastique et réalisme s’estompe parfois subtilement.

Taniguchi excelle à traduire le silence et l’intime. Les thèmes de la mémoire, de la famille, de l’importance à exprimer l’amour que l’on porte à ses proches sont récurrents. Il sait comme peu d’autres transfigurer les micro-événements de la vie en narrations saisissantes. Chaque album est un voyage, un moment d’apaisement et de réconciliation d’une rareté précieuse. A découvrir sans retenue.

par Eva Cousido

Cet(te) artiste n'est pas lié(e) en ce moment à un spectacle.

De 1999 à hier - Jirô Taniguchi

Quartier lointain

Théâtre Silvia Monfort, Paris

du 27 sept. au 29 oct. 2011
1h25
CONTEMPORAIN Coup de cœur Terminé
  • De : Jirô Taniguchi
  • Mise en scène : Dorian Rossel
  • Avec : Rodolphe Dekowski, Matthieu Delmonte, Xavier Fernandez-Cavada, Karim Kadjar, Delphine Lanza, Elodie Weber
Un père de famille au seuil de la cinquantaine revisite son enfance le temps d'une odyssée fantastique. Dorian Rossel réussit à traduire en langage scénique le magnifique dessin de Jirô Taniguchi et propose un spectacle esthétique et sobre de grande qualité. A voir !