Vania Vaneau - Blanc / Soirée partagée

Bagnolet (93)
du 31 mai au 2 juin 2017
2 heures environ

Vania Vaneau - Blanc / Soirée partagée

Soirée partagée avec Blanc de Vania Vaneau dans le cadre des Rencontres chorégraphiques de Seine saint Denis.
Soirée partagée : Blanc de Vania Vaneau, Lazarus and the Birds of Paradise d'Oona Doherty, Meteor de Ji Yeon Yang, Matou de Ruri Mito et Sina Saberi de Mitra Ziaee Kia de MaHa.
  • Vania Vaneau - Blanc

Vania Vaneau, née au Brésil, est arrivée en France adolescente. Elle puise pour son premier solo à trois sources de son pays d’origine : les rituels de transe chamaniques et afro-brésiliens, les Parangolés de l’artiste tropicaliste Hélio Oiticica, performances où les danseurs étaient revêtus de « capes » assemblant des tissus de récupération, et le mouvement dit anthropophagique qui, dans les années 1920, proposa la « digestion » des cultures dominantes et leur régurgitation dans une forme nouvelle après le mélange avec les cultures populaires.

C'est donc à une forme d'« archéologie corporelle » que Vania Vaneau invite ici. Comme un filtre, son corps est traversé par des flux d’histoires, de cultures, d’états et d’émotions.

Accompagnée du guitariste Simon Dijoud, elle est d'abord saisie par la transe, secouée par des vibrations, des tremblements de plus en plus violents et convulsifs. Puis elle revêt des costumes colorés les uns par-dessus les autres, empilant les strates jusqu'à se recouvrir totalement, avant de tourner sur elle-même, prêtresse d'un culte inconnu. Et lorsqu'elle s'extrait de ces vêtements et se met à nu, c'est pour se peindre de couleurs. Le théâtre et le rituel se mêlent ; l'irrationnel affleure, jamais très loin du « masque civilisé », du statut urbain, occidental et blanc que Vania Vaneau incarne et interroge.

Entre chorégraphie, concert et performance, Blanc invite à une réflexion sur l'identité, comment elle se constitue, comment elle ne peut se concevoir sans mélange - la lumière blanche est celle qui contient toutes les couleurs - et met en exergue la beauté des mues successives.

Conception, interprétation : Vania Vaneau
Guitare : Simon Dijoud
1 danseuse, 1 musicien live, 45 minutes

  • Oona Doherty - Lazarus and the Birds of Paradise

Au son, une balade et une musique vocale qui évoque le sacré. Au centre un encensoir qui déverse sa fumée dans un cercle éclairé dans le noir. Apparaît Oona Doherty, chorégraphe et interprète, habillée de blanc, une chaîne dorée autour du cou, tandis que des voix retentissent, se superposant au Miserere Mei, Deus d’Allegri. La bande-son fera coexister tout au long de ce solo la partition de musique sacrée et des cris, des bruits, des paroles extraites de Wee bastard ?, docudrama évoquant la délinquance dans les quartiers chauds de Belfast tandis qu'Oona Doherty puise sa gestuelle dans le hip-hop et le voguing, rappelant les postures provocantes que prennent les jeunes hommes dans les rues d'Irlande du Nord – d'où elle vient. En mettant côte à côte ces trois éléments (musique sacrée, sons et gestuelle issus de la rue) très codés et aisément reconnaissables, elle instaure un dialogue singulier, chaque composante teintant l'autre de sa présence affirmée.

Dans ce premier volet d'une quadrilogie consacrée à sa ville natale (Hard to be soft – A Belfast Prayer in four parts), Oona Doherty déconstruit ainsi le stéréotype du « jeune des cités », et transforme le langage de la peur et de l'agression. Elle incite à regarder différemment les figures qu'elle convoque dans une autre lumière : la dureté sonore et dansée de la rue jointe au Miserere prend une autre dimension poétique, spirituelle et politique.

Lazare et les oiseaux du paradis convie à une forme de résurrection, celle qui passe par le regard, le mouvement et la possibilité de l'invention de soi.

Chorégraphie, interprétation : Oona Doherty
Solo de 8 min

  • Ji Yeon Yang - Meteor

Un point lumineux, comme un phare posé au sol. Une forme rampe, puis s'immobilise. Indistincte.

On la voit couchée au sol dans une posture étrange, la tête relevée, dans une immobilité absolue, le visage dessinant un ovale parfait. Puis elle ramène très lentement son bras, laisse tomber sa tête dessus, tourne sur elle-même, se protège, ramasse son corps comme un fœtus avant de rouler au sol, tenue constamment par une musique qui lui fait comme un tapis sonore.

Tandis que la lumière basse puis intermittente devient plus crue et plus constante, que la ligne musicale se fait plus harmonique, elle passe de l'horizontalité et du sol à la verticalité et à l'espace, étendant son territoire corporel et spatial. Cela ne se fait pas sans heurt : la jambe tremble, le bras cherche, le visage s'étire comme pour sentir une nouvelle existence poindre, avant de gagner en maîtrise et en vitesse, en aisance et en séduction. Et cela ne dure pas : le mouvement se ralentit de nouveau, revient vers le sol, Ji Yeon Yang se touche le visage comme si elle déposait un masque, la musique se fait répétitive. Elle se déplace encore mais tourne en rond, sur elle-même, est agitée de spasmes et de soubresauts, avant de vaciller.

Ji Yeon Yang propose ainsi une métaphore à la fois précise et synthétique d'une vie : Meteor invite à regarder un corps naître, se développer et mourir. Un corps qui, tel une météorite ou une étoile filante, parcourt un bref instant l'univers et recrée sans cesse le cycle de la création et de l'extinction.

Chorégraphie, interprétation : Ji Yeon Yang
compositeur : Hyeong Min Kim
Solo : 15 min

  • Ruri Mito - Matou

On voit d'abord un corps apparaître dans une pénombre orangée, jambes écartées, tête en bas, sans visage. Il relève lentement les bras. On peine à comprendre comment il est fait, où est l'arrière, où est l'avant, est-ce un homme, est-ce une femme ? C'est en tout cas une forme, immobile, qui parfois se désarticule et se tend, qui cherche l'espace alors qu'une musique stridente s'élève, de plus en plus aiguë, de plus en plus puissante.

Le corps finit par être propulsé dans la posture debout, comme poussé par une respiration, un élan vite avorté. Le visage apparaît enfin mais pour disparaître de nouveau. Le corps fait un saut de carpe, se soulève et danse, s'immobilise fesses en l'air, fait des roulades, entreprend comme une marche militaire amputée, puis prend possession de l'espace avant de s'arrêter de nouveau et de se replier, de revenir à la lenteur et à la déstructuration.

Dans ce solo, Ruri Mito semble s'employer à faire disparaître la figure humaine pour ne plus se concentrer que sur le corps, sa matérialité, ses formes, explorant les possibles, ceux contenus aussi dans le mot « matou » qui en japonais veut dire à la fois porter, se frotter, rouler, enrouler.

Concernant cette pièce, la chorégraphe et interprète dit : « Je ne peux pas voir tout mon corps de mon vivant. Les tissus qui forment mon corps ne cesse de se renouveler et un jour ils disparaîtront. » C'est ce mystère qu'elle tente d'examiner sous toutes les coutures, se prenant comme objet d'observation, comme un animal qui observerait comment la mue le transforme en quelque chose de neuf.

Chorégraphie, interprétation : Ruri Mito
Solo de 17 minutes

  • MaHa

MaHa/ Sina Saberi, Prelude to Persian Mysteries
Solo • 9 min

MaHa/ Mitra Ziaee Kia, Shekarpareh [Sugar Candy]
Solo • 13 min

Shekarpareh et Prelude to Persians Mysteries sont deux solos portés par MaHa, un collectif iranien qui regroupe depuis 2013 de jeunes artistes indépendants travaillant sur le corps et le mouvement.

L'idée du premier a pris forme lorsque Mitra Ziaee Kia a découvert une vieille collection d'images de femmes iraniennes datant de l'époque Qajar (1786-1925), une période pendant laquelle les rois iraniens avaient de nombreuses épouses, qui toute leur vie attendaient de partager le lit royal et finissaient pour la plupart oubliées dans leur solitude.

ShekarparehH est donc le regard que la chorégraphe et interprète porte sur cette époque, et ses résonances avec aujourd'hui. Elle offre ainsi l'image d'un corps empêché, une femme pour laquelle le voile est tour à tour une parure et une prison, qui oscille sans cesse entre la visibilité et l'invisibilité, le défi et la défense, la chute et l'énergie du recommencement - « Shekarpareh », en Iran, désigne une sucrerie si douce qu'elle peut laisser une sensation désagréable.

Dans le second, Sina Saberi commence par allumer une à une des bougies, puis disparaît dans le noir. Lorsqu'il revient dans la lumière, il est recroquevillé au fond. Il se déplie ensuite doucement, et commence à danser. Il tente alors de s'approprier l'espace, de plus en plus largement, de plus en plus rapidement, dans des mouvements proches d'une étrange prière, accompagné de crépitements puis de musique persane. Dans ce solo mystérieux, Sina Saberi cherche un chemin entre un passé invisible, celui de la musique persane traditionnelle et des rituels de l'ère Zoroastrienne (qui fut la religion de l'Iran jusqu'à son islamisation, au VIIe siècle) et un présent fragmenté, troué, puisque que la danse persane a été bannie pendant quarante ans.

L'un comme l'autre invitent ainsi à des solos qui s'efforcent de renouer avec un passé riche et en partie occulté depuis 1979 et la révolution iranienne, pour l'explorer à l'aune du mouvement et des corps d'aujourd'hui.

MaHa/ Mitra Ziaee Kia, Shekarpareh [Sugar Candy]
Conception, interprétation : Mitra Ziaee Kia
Musique : Farbod Maeen
Costumes : Reza Nadimi

MaHa/ Sina Saberi, Prelude to Persian Mysteries
Conception, interprétation : Sina Saberi
Musique : Ali Akbar Moradi, Keyhan Kalhor, Farbod Maeen
Costumes : Reza Nadimi

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Spectacle terminé depuis le vendredi 2 juin 2017

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