Une heure trois quarts avant les huissiers !

Une heure trois quarts ! Point à la ligne ! C'est pile le temps qu'il reste à un chef d'entreprise pour sauver sa société ! Une heure trois quarts et les horribles huissiers aux faces blanchâtres seront là ! Et les scellés seront posés ! Et le spectacle en cours ne sera pas monté !

Et ce sera alors la déchéance, la vertigineuse dégringolade sociale, la rue, la misère, les ponts de Paris ; ou, pis encore, la fuite vers l'Amérique du Sud dans les soutes frigorifiques d'un avion cargo, et la sinistre survie, en tant que dealer de shit avarié, sous un vieux poncho mangé aux mites et à l'ombre d'un misérable sombrero effrangé et troué !

Toutes perspectives insoutenables pour ce pauvre directeur mortifié et révolté qui va tout mettre en oeuvre, avec noblesse et dignité - ce qui n'exclut pas le sens de l'opportunité ! - pour redresser la barre de son malheureux bateau qui prend tellement l'eau de toutes parts qu'il ne sera bientôt plus qu'une pauvre épave démantelée, au fond de l'océan, perdue et livrée à l'immensité des pervers calculs des requins de la finance, aux concupiscences effrayantes et éhontées d'une Armada de banquiers spécieux, et à l'âpreté dévorante de spéculateurs de tout poil !

Une heure trois quarts et ce sera la descente aux enfers !