Trio en mi-bémol

• La musique en témoin

C’est l’histoire de Paul et Adèle.

Une histoire simple de deux personnes qui se ratent, se retrouvent pour mieux se perdre. La musique seule, une certaine musique semble les rassembler, les transporter dans une passion commune. Là où le langage échoue, la musique alors pourra-t-elle les guérir ?

Trio en mi bémol est la seule pièce de théâtre que Rohmer a écrite. Forme légère pour deux acteurs, le spectacle se centre sur le doute de ce qui arrive à ces deux personnages ( S'aiment-ils ? Se cherchent-ils indéfiniment ? ) et leur déchirante incommunicabilité. La seule certitude qui demeure, c'est qu'ils se sont ratés, et qu'ils en souffrent ou souffriront tôt ou tard.

• Extrait

Adèle : Dans cette librairie donc, le libraire avait mis la radio, ou une cassette, peu importe. Et qu’est-ce qu’on jouait ? Le trio...
C’était comme si j’avais subitement été soulevée de terre. Je ne faisais plus attention au lieu où je me trouvais, aux gens qui étaient autour de moi. J'étais totalement entrée dans la musique, et je n'en suis sortie que lorsque le morceau a été terminé. Je n'avais pas oublié son nom : Trio en mi bémol. Je ne suis pas tout à fait aussi cruche que tu penses ! Alors j'ai eu envie de l'acheter pour te l'offrir, et l’écouter avec toi, rien qu'avec toi.
Paul : Ce que tu dis, aujourd'hui, est mille fois mieux que la phrase que j'attendais, l'autre jour. Ce malentendu aura au moins servi à quelque chose !
Adèle : Alors, tu es content ? ( Paul, pour toute réponse, la serre dans ses bras. ) Et tu n'as pas honte d'avoir manqué de confiance en moi ? Si tu avais eu une meilleure idée de moi, tu aurais du penser que, si j'avais reçu ton disque, il était tout à fait exclu que je ne te remercie pas, donc que, pour une raison ou une autre, je ne l'avais pas reçu. Au lieu de ça, tu es parti dans des élucubrations qui reposaient toutes sur le postulat que j'étais une idiote totale.
Paul : Mais non !
Adèle : Mais si !
Paul : Peut-être. J'aurais du te faire confiance. Je t'ai sous-estimée, et je comprends que tu m'en veuilles !
Adèle : Oui, je t'en veux, et même beaucoup... Tu remets le disque ?