Sganarelle ou la représentation imaginaire

le 7 août 2010
1h20

Sganarelle ou la représentation imaginaire

CLASSIQUE Terminé

Spectateurs et comédiens sont dans le même espace au centre duquel se joue la pièce de Molière et dans la totalité duquel se raconte une représentation, une interrogation sur ce que peut bien être devenu l’imaginaire théâtral aujourd’hui. Les comédiens s’adressent aux spectateurs et interviennent dans la représentation. Ils glissent librement de l’un à l’autre, accompagnant les premiers à se découvrir partie prenante de la seconde.
  • Note d'intention

Et si l’on reprenait au début ? Pour voir.
Des comédiens, des tréteaux, des spectateurs.
Et si l’on profitait des grands ciels d’été pour avoir de l’espace ?
Et si l’on prenait pour décor ce qui est sous nos yeux ?
Si l’on conviait les spectateurs au moment où le soleil se couche ?
Si l’on prolongeait ce bonheur par le plaisir partagé du théâtre ?
S’il était question de l’illusion et de la vérité ?

  • Sganarelle, ou la représentation imaginaire

Dès son origine ce projet de spectacle mêle intimement la préparation des représentations en Dordogne (en plein air) et en tournée (en intérieur, sur les plateaux) et nos interrogations, notre réflexion sur la nature de l’acte théâtral aujourd’hui mais aussi les questions que nous avions envie de poser aux spectateurs.

Le dispositif scénique est quadri-frontal.

Dans le temps et l’espace de la représentation, il produit la convergence des regards et des attentes, la multiplicité manifeste des angles de vue, et dans le même mouvement donne à voir le processus théâtral dans sa singularité.

Spectateurs et comédiens sont dans le même espace au centre duquel se joue la pièce de Molière et dans la totalité duquel se raconte une représentation, une interrogation sur ce que peut bien être devenu l’imaginaire théâtral aujourd’hui. Depuis les passerelles posées aux quatre angles du plateau central, les comédiens s’adressent aux spectateurs et interviennent dans la représentation. Ils glissent librement de l’un à l’autre, accompagnant les premiers à se découvrir partie prenante de la seconde.

  • La représentation imaginaire

Nous sommes autour d’une table de travail, autour du texte de Molière que nous mettrons en répétition dans quelques mois.

Placés tout autour, on regarde vers le centre. On parle, on boit un verre et on se dit qu’on voudrait reprendre le chemin de nos rêves de théâtre, être légers, autonomes, emporter notre théâtre avec nous, partout, aller à la rencontre des spectateurs en ayant envie de fabriquer du bonheur de théâtre, de rire, de s’interroger ensemble, de s’éclairer ensemble.

J’imagine un petit théâtre, comme une place carrée ou un kiosque, avec des spectateurs tout autour, des spectateurs qui sont là parce que le théâtre a fait le voyage, parce qu’ils peuvent venir avec les enfants, qu’il fait beau et que ça prend un air de fête. Des êtres humains dans leur mouvement et leur diversité. Avec eux, nous écrirons autour de la représentation de Sganarelle, une seconde histoire qui interroge le théâtre, les comédiens et les spectateurs aujourd’hui et se raconte pendant la représentation de la pièce de Molière. Il y est question des rencontres, de notre théâtre qui voyage, se monte, se démonte, de la sieste, de la pluie, du prix des places, de notre métier, de l’art et du divertissement, de l’inutilité du théâtre, de l’utilité du théâtre, de la vie du théâtre.

Ca pourrait s’appeler : Sganarelle, ou la représentation imaginaire.

J’ai envie de passer à nouveau du temps avec Molière, parce que la rencontre avec les spectateurs est partie prenante de son écriture et qu’il écrit la représentation. Je reprends mes notes à propos du Malade imaginaire : ce qui fait des grands textes dramatiques des événements théâtraux significatifs et singuliers, n’est-ce pas le questionnement qui les soutient : le questionnement de l’homme dans son rapport au monde. Sans la mise en jeu de ce questionnement, sans la projection de ce questionnement vers les spectateurs, la représentation n’a qu’un intérêt muséographique. « La comédie n’est faite que pour être vue », incarnée, dans le temps de la représentation.

Rêver tout haut, tant et si bien que l’aventure est déjà commencée.

Catherine Riboli

  • Sganarelle, ou le cocu imaginaire de Molière

"A-t-on mieux cru jamais être cocu que moi ?
Vous voyez qu’en ce fait la plus forte apparence
Peut jeter dans l’esprit une fausse créance.
De cet exemple-ci ressouvenez-vous bien
Et quand vous verriez tout, ne croyez jamais rien."

Au coeur de la représentation, une comédie de Molière en un acte, sa première comédie en vers. Sganarelle ou le Cocu imaginaire fut créée le 28 mai 1660. Molière la reprendra tous les ans jusqu’à sa mort et ce sera celle de ses pièces qu’il jouera le plus souvent : 122 fois.

L’intrigue qui débute appartient à la convention et nous est familière. Un père veut marier sa fille au mieux, c’est-à-dire au plus riche ; sa fille en aime un autre dont elle garde précieusement le portrait.

C’est alors que survient Sganarelle que l’on n’attendait pas. Le portrait s’égare et la folie gagne les protagonistes. Tout s’embrouille, Sganarelle, convaincu que sa femme le trompe, induit en erreur les uns et les autres, au point que bientôt tous se croient cocus !

Sganarelle est le premier spectateur. Lorsqu’il prend pied comme fortuitement sur le plateau, il déplace la représentation, la subvertit, la ravit et nous avec. Il parle trop, s’embrouille, s’affole, s’emballe et le bon sens qui est le sien l’égare parfois plus qu’il ne l’éclaire. Plus il est délirant et plus il nous est familier, plus il nous ressemble. Ses préoccupations sont celles de la vie quotidienne, ses émotions et ses faiblesses celles des êtres humains. Il se rêve héroïque mais n’oublie pas qu’il a faim. C’est un trouble-fête par qui le théâtre, la véritable fête du théâtre, arrive.

Comme dans un « précipité » de l’Illusion Comique, il est question ici de l’illusion et de la vérité. Le portrait, objet enchanté et convoité, passe de mains en mains. Sur chacun de ses possesseurs, son charme, celui de la représentation, opère. La vérité de l’illusion se déploie, captivant les esprits, dévoilant la fragilité des sentiments, vouant ses victimes à la solitude, révélant les peurs de chacun, dans un tourbillon explosif et jubilatoire. Enfin, par l’opération du théâtre chacun est enfin ramené à la vie et à la légèreté.

 

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Informations pratiques

Espace François Mitterrand à Figeac

Place Philibert Renaud 46100 Figeac

Spectacle terminé depuis le samedi 7 août 2010

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