L'enfer de la guerre coloniale
Intentions de mise en scène et de scénographie
La presse
Le Cul de Judas, c’est le bourbier angolais dans lequel s’enferra l’armée coloniale portugaise au début des années 70. Cette « putain de guerre » est ici au centre du récit, un torrentiel monologue intérieur du narrateur, ancien médecin aux armées, revenu détruit d’Angola, et racontant son enfer tout au long d’une nuit de beuverie à une inconnue dans un bar improbable ou peut-être dans son appartement vide.
Ecrit en 1983 Le Cul de Judas est le premier roman qui révéla l’auteur, lui-même médecin ayant fait deux ans de guerre en Afrique et reconnu aujourd’hui comme l’un des plus importants écrivains de langue portugaise. On y trouve ce qui fait la force particulière de son univers romanesque : le télescopage baroque du passé et du présent et une profonde et lyrique mélancolie.
Un humour au napalm (produit qui servit aussi en Angola) sous-tend cette épopée lyrique ainsi qu’un amour pour l’Afrique "où il faisait bon naître avec le tournesol, le riz, le coton et les enfants dans un élan de geyser fumant et triomphant".
Ici, le théâtre apparaît comme un catalyseur évident de la beauté et de la densité de la prose d’Antonio Lobo Antunes. François Duval maîtrise tout, sa voix, son émotion, ses gestes. Bien au-delà d’un spectacle, c’est un témoignage bouleversant !
« Bouleversant, ma plus profonde émotion au théâtre depuis des années. Si j’avais quinze théâtres, je programmerais ce Cul de Judas quinze fois par jour, comme je n’ai aucun théâtre, je me suis contenté de le voir quinze fois. » Daniel Pennac
Par la Compagnie Fortune Carrée. Traduit du portugais par Pierre Leglise-Costa, publié aux éditions Métaillé. L'adaptation théâtrale est publiée aux Editions Christian Bourgois.
L’œuvre d’Antonio Lobo Antunes est imprégnée dans son ensemble d’une conception particulière du « juste un immense présent qui englobe tout ». C’est une idée-clef quand on doit affronter la prose de l’écrivain.
J’ai souhaité un seul lieu pour aller dans ce sens dans lequel déambule le narrateur se délestant de sa vie à grands coups de whisky, devant une inconnue draguée dans un bar de nuit et dont il espère les faveurs fatiguées d’une « gymnastique païenne », avant de la supplier de rester pour affronter la clarté indifférente du jour.
Je ne souhaite d’ailleurs pas la représentation physique de cette femme sur la scène, mais plutôt l’évocation fantasmagorique de scènes de drague maintes fois répétées et que le narrateur n’éprouve même plus le besoin de revivre ailleurs que dans ses fantasmes.
Pour accueillir ce texte, j’ai imaginé une scénographie légère qui évoque un appartement vide à Lisbonne. Trois stores simplement suspendus devant un cyclorama comme des monochromes au travers desquels le jour enflera, se répandant sur un sol couvert de tapis qui évoquera la splendeur du Portugal tandis qu’un ventilateur brassera, de temps en temps, l’air saturé de ses errances angolaises.
Une seule chaise dans ce décor qui sera tout à la fois chaise, tabouret de bar ou cuvette de WC. Elle sera recouverte d’un drap qui lui servira à la fin ou de drap ou de linceul.
François Duval
« Monologue sobre dont les silences disent autant que les paroles. » Libération
« […] François Duval fait de cette déambulation intérieure, teintée d’humour et de rage, un moment essentiel et bouleversant. » Le journal du dimanche
« […] Bouleversant. » La Provence
« […] terrible monologue intérieur qui fait penser à Céline et parfois même à Blaise Cendrars. François Duval l’interprète de façon magistrale […] » Le Parisien
« François Duval incarne avec pudeur et virtuosité ce récit sur le fil d’un humour toujours tangent à la mort. » France Inter
« Des tapis, une chaise, le jeu subtil de la lumière, François Duval a choisi épure et pudeur pour dire le drame, tirer la quintessence et la puissance du texte d'Antonio Lobo Antunes. Avec force, passion, engagement et maîtrise de son art de comédien. » Le Dauphiné Libéré
« François Duval maîtrise tout, sa voix, son émotion, ses gestes; les éclairages et la musique découpent ou soulignent ce récit inexorable. Bien au de-là d'un spectacle, c'est un témoignage, bouleversant. » Vaucluse Hebdo
« Enveloppé dans une lumière d’un exceptionnel raffinement, l’acteur donne à ressentir la terreur moite qui règne sur le bourbier. Comme il traduit peu à peu l’insondable désespoir tapi derrière un cynisme ostentatoire. Le Cul de Judas combine la découverte d’un auteur, la cohérence d’une démarche et la qualité d’un interprète. » France Bleu Vaucluse
2, place Victor Hugo 94270 Le Kremlin-Bicêtre
Voiture : partir de la porte d'Italie, prendre la RN7 en direction de Villejuif. A la hauteur de la station de métro tourner à droite, avenue Eugène Thomas puis au 1er feu à gauche rue Jean Monnet.