Le Goût du faux et autres chansons

du 14 au 24 avril 2016
2 heures environ

Le Goût du faux et autres chansons

Jeanne Candel et ses douze acteurs musiciens nous régalent de leur poésie absurde.
D’où vient-on ? La nouvelle création collective portée par Jeanne Candel (Le crocodile trompeur) et inventée sur la base d’improvisations avec douze acteurs-musiciens - fait feu de tout bois, textes classiques et anecdotes banales, pour tenter d’y répondre. Un régal.
  • Un travail de troupe

Dans Le Goût du faux et autres chansons, il y a des textes d’Ovide, des fantômes qui nous hantent, les vies compliquées des acteurs, des méditations sur le renouvellement des cellules, des détails qui se déplient lentement, des peurs, des métamorphoses baroques, des deuils. Et douze comédiens au plateau. Tout ce désordre pour répondre à une question faussement naïve et vraiment angoissante : d’où vient-on ?

Des musiciens en queue de pie circulant à skis, une expédition loufoque dans un corps humain, des scènes d’opéras coincées entre les Monty Python, Henry Purcell et l’Énéide de Virgile… Avec sa façon de slalomer entre séquences lyriques et délires absurdes, Le Crocodile trompeur / Didon et Énée, co-signé par Jeanne Candel et Samuel Achache, s’imposait en 2013 comme un des ovnis les plus puissants de la jeune scène théâtrale. On y découvrait alors une bande d’acteurs et de musiciens fédérés en collectif (La vie brève, également auteurs de Robert Plankett en 2011), appartenant à une génération d’artistes particulièrement à l’aise dans l’art des formes hybrides.

  • La presse

« Une salle hilare et en lévitation, et ce avec un spectacle sans grosses ficelles comiques ni gros sabots potaches… Voici le petit miracle opéré au Théâtre de la Cité internationale (...) Alors petit à petit, dans le patchwork apparent et la foutraquerie jamais gratuite, Le Goût du faux et autres chansons finit par prendre tout son sens, s’interrogeant, à sa façon aérienne et gracieuse, sur la création, le faux et le vrai, le mentir-vrai de l’art et les vraies fausses valeurs artistiques de notre époque. Son élégance est de le faire avec autant de fantaisie que d’émotion délicatement retenue. Jeanne Candel connaît la chanson. » Fabienne Darge, Le Monde, 27 novembre 2014

« L’ensemble peut apparaître un brin vain et décousu. Mais ce désir de représenter coûte que coûte les mystères de l’être et de l’art a quelque chose d’héroïque et de touchant. D’autant que chaque comédien-chanteur-musicien est remarquable – de naturel, de virtuosité et d’invention comique. Le rire est le combustible de Jeanne Candel. Mais, derrière les clowneries, pointe la mélancolie – des cosmonautes flottant dans la galaxie, de l’homme perdu dans l’univers, de l’écrivain en panne d’inspiration. Entre rire et chansons, « Le Goût du faux » nous confronte à l’inachevé, à l’irrésolu. » Philippe Chevilley, Les Echos, 1er décembre 2014

  • La création

Marquée par le metteur en scène hongrois Arpad Schilling et la chorégraphe allemande Pina Bausch, Jeanne Candel ne part pas d’un texte, mais de plusieurs et surtout de situations que le plateau lui offre. Impliqués dans le processus d’écriture, les acteurs improvisent en direct ou inventent des scènes dans leur coin qu’ils partagent ensuite devant le groupe. À partir de quoi, Jeanne Candel se livre à un subtil jeu de collage, prenant une idée ici et un geste là, une phrase dans tel texte et un accent dans tel corps pour construire ses pièces qui oscillent savamment entre deux idées du théâtre : d’un côté, des scènes performatives qui reposent sur ce que la metteure en scène appelle elle-même des « constructions post-dramatiques », sans situation, sans personnage, sans drame, mais portant une attention hypertrophiée aux détails et à la présence des corps. De l’autre, des scènes plus classiques, assumant l’héritage du théâtre, notamment baroque, et n’ayant pas peur de la puissance narrative.

C’est cet état de tension entre deux idées du théâtre, cette circulation incessante d’un pôle à l’autre, qui fait la singularité de ce travail et de cette nouvelle pièce encore en plein chantier comme le précise Jeanne Candel en prologue à notre conversation : Avant de commencer, je voudrais dire que ma façon de travailler implique que je ne sais pas, à ce stade des répétitions, l’endroit où nous allons arriver. Je ne le connais pas et je ne veux pas le connaître. C’est important pour moi de partir à l’aventure. Je dis ça parce que tout ce que je vais dire dans la suite est provisoire.

  • Entretien avec Jeanne Candel

Les mythes que vous travaillez pour cette pièce, notamment ceux que relate Ovide dans Les Métamorphoses, ont souvent à voir avec la question des origines.
Oui. Je suis obsédée par une question très naïve mais dont j’assume la naïveté : d’où vient-on ? C’est une question simple mais la réponse ne l’est pas. Je savais qu’elle ouvrirait des vertiges, des abîmes. C’est une question très excitante, celle de l’origine, et qui nous écrase un peu ; on est face à elle comme des animaux, parfois très heureux, très agités, et parfois enclins à se réfugier dans les recoins.

Avez-vous un goût pour ce qu’on appelle le low-tech ?
J’ai un goût pour le détail, pour la petite chose qu’on peut ouvrir, déployer. Rentrer par le chas d’une aiguille pour ouvrir un homme entier, l’écarteler, l’éviscérer. Alors sans doute que le goût du détail induit un goût pour le théâtre miniature. Pendant les répétitions, des acteurs ont fabriqué un théâtre pour enfant pour représenter la Genèse : une table, un rideau noir. Ils faisaient apparaître le premier homme avec leurs doigts. Après ça se complexifiait et forcément ça se cassait la gueule puisqu’on travaille avec rien. Ca donnait une sorte de fragilité burlesque que j’aime beaucoup. Au fond, ce qu’on veut représenter — l’enfance du monde, la naissance de l’art, de la représentation — tout cela est trop grand pour nous, on ne peut pas
être à la hauteur, mais on peut essayer d’être à la « contre-hauteur » , d’inventer une sorte de représentation minimale.

Vous travaillez avec douze acteurs, c’est relativement beaucoup. Pourquoi ce nombre ?
J’ai toujours travaillé avec de grandes bandes, parce que je trouve que cela donne une forte énergie, une émulation. Dans les répétitions, je le vois bien : il y a un relai, un rebond qui se met en place, qui est très riche, fertile, jubilatoire. C’est aussi une façon de faire l’épreuve de la pluralité, notamment la pluralité des perceptions, des pensées. Au fond, ce que je souhaite le plus sur un plateau c’est représenter l’expérience humaine dans toute sa richesse, son invention, sa vivacité. C’est aussi pour cela que, dans la bande, il y a des acteurs-musiciens, un clarinettiste, un violoncelliste, une pianiste et que l’un d’entre nous (Florent Hubert) écrit de la musique pour le spectacle. C’est important que la musique vienne nourrir et déplier la
représentation, même si comme pour tout, nous sommes encore en travail et que je ne sais pas la forme que cela prendra.

Propos recueillis par Stéphane Bouquet, mars 2014

Sélection d’avis du public

Le 12 décembre 2014 à 09h35

Le spectacle démarre bien et on y trouve de belles idées. Ensuite, Il traine en longueur et il n'arrive pas à trouver une fin satisfaisante.

surprenant Le 11 décembre 2014 à 23h04

J'avais été emballée par Le crocodile trompeur. Ce nouveau spectacle reprend les ingrédients (un travail à partir d'improvisation, des comédiens-chanteurs virtuoses, des inventions, une utilisation de l'espace particulière, un humour burlesque. Et pourtant ce spectacle est très différent, sans la trame narrative du premier. Il reste truffé de références, parfois savantes, qui peuvent perdre, parfois très réalistes. Et il est moins dans l'émotion, il est à la fois cérébral, trivial, et touchant par un je-ne-sais quoi de mélancolique. Sans doute ce questionnement sur l'infini, petit ou grand. Une metteuse en scène singulière qui ne laisse pas indifférent en tout cas, et qu'il faut découvrir.

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Le 12 décembre 2014 à 09h35

Le spectacle démarre bien et on y trouve de belles idées. Ensuite, Il traine en longueur et il n'arrive pas à trouver une fin satisfaisante.

surprenant Le 11 décembre 2014 à 23h04

J'avais été emballée par Le crocodile trompeur. Ce nouveau spectacle reprend les ingrédients (un travail à partir d'improvisation, des comédiens-chanteurs virtuoses, des inventions, une utilisation de l'espace particulière, un humour burlesque. Et pourtant ce spectacle est très différent, sans la trame narrative du premier. Il reste truffé de références, parfois savantes, qui peuvent perdre, parfois très réalistes. Et il est moins dans l'émotion, il est à la fois cérébral, trivial, et touchant par un je-ne-sais quoi de mélancolique. Sans doute ce questionnement sur l'infini, petit ou grand. Une metteuse en scène singulière qui ne laisse pas indifférent en tout cas, et qu'il faut découvrir.

Informations pratiques

Théâtre de la Cité Internationale

17, boulevard Jourdan 75014 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Librairie/boutique Restaurant
  • RER : Cité Universitaire à 157 m
  • Tram : Cité Universitaire à 32 m
  • Bus : Cité Universitaire à 223 m, Stade Charléty - Porte de Gentilly à 320 m, Jourdan - Montsouris à 358 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Théâtre de la Cité Internationale
17, boulevard Jourdan 75014 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 24 avril 2016

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