La tempête

Créée en 1987, la compagnie Brozzoni tente chaque jour d'élaborer un théâtre populaire contemporain. Un théâtre qui provoque, convoque les puissances archaïques de nos êtres, pour faire, chaque fois, un pas de plus vers l'homme.

Le dénouement de La Tempête est apparemment le plus serein des grands drames shakespeariens : chacun retrouve sa place et le monde, qui était sorti de ses gonds rentre dans l'ordre. Cependant, cette histoire qui revient à son point de départ et recommence comme si de rien n'avait été est totalement inquiétante : rien n'aurait-il donc changé ?

Ce drame est écrit en temps réel. Ses héros ont essuyé une tempête et ont été soumis à une épreuve ; en même temps qu'eux, exactement, les spectateurs ont été les témoins de la même tempête. Mais avant de quitter la salle et de retrouver la vie telle qu'elle était avant, Prospéro s'adresse directement au public et Shakespeare, hors du temps, nous parle comme pour clore sa dernière grande œuvre : "A présent tous mes sortilèges sont détruits et je n'ai plus pour force que la mienne propre, combien faible !"

Sur l'île de Prospéro se déroule, extrêmement raccourcie, l'histoire shakespearienne du monde. Elle est lutte pour le pouvoir, meurtre, révolte et violence. L'île est l'arène du monde véritable, non une utopie.

Charlie Brozzoni a imaginé une île où l'endroit est à l'envers : la terre est au ciel, le ciel est à terre. Et, au moment de la vengeance, naît le pardon. "Représenter cette fable, c'est créer l'invisible en lui donnant une réalité scénique sans lui ôter la force de son secret, de son mythe et de sa légèreté. Cette comédie tragique, je la rêve haute en couleurs, en poésie et en musique". Il nous offre la troupe, le théâtre et la jubilation sur cet autre grand texte de Shakespeare.