Des figurines de cowboys et d’indiens en plastique évoluent dans un paysage étonnant dont certains éléments sont de chair et de sang. De la soumission des nouveaux territoires par les armes à l’exploitation des ressources naturelles en passant par la mise au pas des populations, Dorothée Saysombat et Sika Gblondoumé évoquent chaque étape de l’acte de domination.
Avec humour, poésie et fantaisie, la compagnie À s’interroge sur les héritages et les stigmates de la colonisation dans le monde d’aujourd’hui. Voyageant subtilement du passé au présent, deux marionnettistes décortiquent la conquête coloniale. Avec un ton aigre-doux, elles revisitent à leur façon l’éternel désir humain de domination, d’exploitation et de possession. Un corps-castelet fragmenté sert de terrain de jeu à la manipulation d’objets et aux rapports de pouvoir entre dominants et dominés.
Par la métaphore, les artistes explorent les processus qui conduisent à l’asservissement des consciences et font le lien entre domination héritée et racisme ordinaire. La Conquête oppose une ironie décapante aux discours complaisants qui tendent à banaliser les traumatismes et conséquences de ce chapitre toujours ouvert de l’Histoire.
Des scènes se déroulant à notre époque reflètent les séquelles de l’esprit colonial dans les manifestations de racisme ordinaire. Les chansons interprétées par Sika Gblondoumé participent à la distanciation apportée par l’humour. La Conquête est le premier spectacle de la Compagnie à sur un thème qui lui est cher : les liens noués entre l’histoire intime et l’Histoire universelle. Ce spectacle prouve que l’on peut aborder un sujet aussi grave que la colonisation, sans l’édulcorer ni faire du prêchi-prêcha. Au contraire, en faisant réfléchir à cet héritage qui est le nôtre, quelle que soit notre origine.
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