Dom Knigui

du 10 au 30 mars 2000

Dom Knigui

CLASSIQUE Terminé

Aujourd’hui, la prédiction de Boulgakov selon laquelle " les manuscrits ne brûlent pas " semble en passe d’être réalisée : c’est sans fin que ressortent des cachettes textes et poèmes qui ne purent voir le jour, qui n’eurent droit qu’à une circulation infiniment restreinte.

Parce que la scène est le lieu du plein jour et de l’exposition de la littérature, nous pensons à faire de ces récits, en les entrecroisant, un théâtre de l’écoute et de la tension, bordé par le silence : des matières plutôt que des objets, une présence sonore du paysage infini où ces destins glissèrent.
Que l’homme, comme on dit couramment, " ne vive pas que de pain ", c’est à ceux qui en manquèrent souvent qu’il est revenu de l’éprouver le plus durement et de le dire.
Après la fin (des corps, des phrases, du communisme) quelque chose se souvient infiniment. Ce " souvenir " n’est pas un devoir de mémoire, mais l’acte du présent lui-même, dans le battement de la représentation.

 

En 1995, Jean-Christophe Bailly et Patrick Sommier ont séjourné pendant plusieurs mois en Russie et travaillé ensemble sur Reflets, le spectacle que Georges Lavaudant mettait en scène au Théâtre Maly dans le cadre de la Saison Française. Ils y firent la connaissance de Michel Alexandrov, qui enseigne le chant à l’Institut Théâtral de Saint-Pétersbourg et au Théâtre Maly, auprès de Lev Dodine. De l’amitié qui naquit au cours de ce voyage en cette terre plus étrange qu’étrangère a surgi l’idée d’un spectacle qui rendrait compte de leur ferveur commune pour la Russie et pour ses écrivains. Après Morphine de Boulgakov en 1998 et Miroirs Noirs d’Arno Schmidt, Patrick Sommier entreprendra à cette occasion sa troisième mise en scène.

 

Les années de plomb auront été en Russie plus lourdes et plus nombreuses que partout ailleurs, au point que ce pays aura été, sur fond de grands chantiers et de poses héroïques, le laboratoire d’une destruction humaine sans équivalent, en tout cas quant à sa durée et à son efficacité.
Face à cet état de choses compact, pervers, destructeur, la littérature, tout au long du siècle, et dans des conditions inimaginables, aura maintenu la vie, le récit vivant des choses non dictées. Une résistance patiente, longue, tragique, d’où vient beaucoup de lumière.
Aujourd’hui, la prédiction de Boulgakov selon laquelle " les manuscrits ne brûlent pas " semble en passe d’être réalisée : c’est sans fin que ressortent des cachettes textes et poèmes qui ne purent voir le jour, qui n’eurent droit qu’à une circulation infiniment restreinte.
Mais les modes mêmes de cette circulation (lectures privées, apprentissages par cœur de livres entiers, réseaux de manuscrits, bibliothèques sauvées, caches et transmissions) nous restituent dans toute sa force et sa précarité l’être même de la littérature, son insoumission fondamentale. Et ce ne sont pas là des valeurs abstraites, mais des milliers de pas faits dans des villes obscures, terribles et pourtant aimées, ce sont des livres lus très loin dans des cabanes, ce sont des manques aussi terribles que la faim.
Ce que le spectacle se propose de faire, c’est, à travers plusieurs voix venues du vertige et à travers plusieurs situations (par exemple la librairie des " Gardiens des Livres " ouverte à Moscou en 1918, les camps ou les deux sièges de Leningrad), de laisser éclore la forme brute de récits qui parlent de cela, de cette faim inassouvie, de cette survie tendue, tenace, étrange.
Les textes seront de Varlam Chalamov, Michel Ossorguine, Isaac Babel, Victor Chklovski, Lidya Guinzburg, Danill Harms , Ossip Mandelstam. Il va de soi qu’en l’état de notre projet, cette liste n’est pas définitive.

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Spectacle terminé depuis le jeudi 30 mars 2000

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