Affabulazione

Stanislas Nordey fait partager les fulgurances poétiques d’Affabulazione et l’inquiétant questionnement générationnel de Pasolini.
Sous le signe du « spectre de Sophocle », Pier Paolo Pasolini inverse le meurtre fondateur d’OEdipe : tout y naît de la hantise qu'un fils inspire à son père, industriel milanais terrifié par cette image inversée de son propre déclin. Stanislas Nordey fait partager avec ses acteurs les fulgurances poétiques d’Affabulazione et l’inquiétant questionnement générationnel de Pasolini.

« Ainsi devant ta jeunesse pleine de semence et du désir de féconder, le père c’est toi. Et moi je suis l’enfant. »

  • Enquête philosophique et mystique

Stanislas Nordey a commencé sa vie de metteur en scène avec Bête de Style de Pasolini, en 1991. Presque personne alors ne connaissait ce théâtre – six pièces, composées dans les années 1970, qui inventent un “théâtre de parole” direct, poignant, tendu entre visions oniriques et confrontations radicales. Tout en s’ancrant concrètement dans son époque, Pasolini veut renouer avec la tragédie grecque, sa violence, sa charge mythique, son adresse frontale au public.

Sous le signe du “spectre de Sophocle”, Affabulazione inverse le meurtre fondateur d’OEdipe : tout y naît de la hantise qu'un fils – trop beau, trop désirant - inspire à son père, industriel milanais terrifié par cette image inversée de son propre déclin. Et si le désir de “tuer le fils” était le vrai refoulé de notre société ?

C’est aussi le souffle de la langue de Pasolini, son rythme, sa puissance, que Stanislas Nordey veut faire entendre, comme metteur en scène et comme interprète : il sera sur scène dans le rôle du Père, pour partager avec ses acteurs les fulgurances poétiques d’Affabulazione et l’inquiétant questionnement générationnel de Pasolini.

Traduction de l'italien : Jean-Paul Manganaro.

  • La presse

« Un texte bancal, tour à tour fulgurant et fumeux. Diable de Pasolini, qui l’a extrait de son âme en 1969. Diable de Stanislas Nordey, qui monte aujourd’hui ce théâtre de la colère dans toute sa crudité. Une mission quasi impossible et pourtant réussie. » Philippe Chevilley, Les Echos, 15 mai 2015

« Stanislas Nordey met en scène « Affabulazione » et porte à l’incandescence cette entreprise poétique. » Patrick Sourd, Les inrocks, 5 mai 2015

« Omniprésent sur scène, Stanislas Nordey tient le rôle écrasant du père. Mystique, passionné, il est extraordinaire. Mais c’est surtout sa mise en scène qui m’a séduite, tout comme l’impressionnante scénographie d’Emmanuel Clolus. » Marie-Céline Nivière, Pariscope, 6 mai 2015

«  Un texte touffu, souvent alambiqué, auquel Stanislas Nordey donne du souffle et de la tenue. (...) Il y a donc de la colère dans Affabulation. Une colère palpable dans le jeu si particulier de Stanislas Nordey. Le plus souvent debout, face au public, mais aussi parfois un genou à terre, comme ramassé sur ses propos qui sont autant de couteaux, Stanislas Nordey, 47 ans, joue le père. (...) Il traduit ainsi parfaitement l’impossibilité d’apaisement de cet homme sans histoire qui, subitement, est devenu un émissaire de la vérité. » Marie-Pierre Genecand, Le Temps, 5 mars 2015

« Dans sa façon de malaxer son anti-Oedipe avec les gants de la psychanalyse, de la religion et du commentaire sociopolitique, Affabulation est un texte fascinant, mais il est aussi d’une exigence qui relève parfois plus de la lecture attentive et ponctuée de pauses réflexives que du déroulé scénique. Quoi qu’il en soit, Nordey est à la hauteur. Reste au spectateur à se hisser. » Boris Senff, 24 heures, 5 mars 2015

  • Mythe oedipien inversé

« Celui qui vous parle est le Spectre de Sophocle. Je suis ici arbitrairement appelé à inaugurer un langage à la fois difficile et facile : difficile pour une société qui vit le pire moment de son histoire, facile pour les rares lecteurs de poésie. Votre oreille devra s’y faire. Bref. Quant au reste, vous suivrez comme vous le pourrez les péripéties un peu indécentes de cette tragédie qui finit mais ne commence pas – jusqu’au moment où reviendra mon spectre. Alors les choses changeront et ces vers acquerront leur propre saveur grâce à, pour une fois, leur évidente bjectivité. » Prologue de Affabulazione

Un industriel milanais, père de famille pragmatique et plutôt “centre gauche”, fait ce rêve étrange : il se voit enfant, à la poursuite d’un garçon plus grand que lui et dont il ne peut voir le visage. Ce garçon l’appelle “Père”.

Il se réveille en sueur et cherche à élucider son rêve. Ce garçon insaisissable serait-il son propre fils ? Il est alors pris d’un violent malaise. Infarctus réel ou rêvé ? Prophétie ou énigme ? Désormais, le Père vivra – parfois jusqu’au ridicule – dans la hantise de résoudre le mystère du Fils.

Mais comme le révèlera le spectre de Sophocle en personne : on ne peut résoudre le mystère. On peut seulement le connaître. C’est-à-dire le toucher, le voir, le sentir... La vision qui hante ce Père ? Un Fils jeune et beau, qui du haut de ses dix-neuf ans le surpasse. Ce cauchemar devient obsession, puis évolue en rivalité destructrice.

Confronté au pouvoir de son Fils, le Père se heurte à une impuissance à la fois paternelle et professionnelle. Comprenant qu’il ne peut plus maîtriser le destin de son enfant, il se voit démuni de son autorité de père et de sa substance d’homme. Cette prise de conscience provoque alors une perte d’assurance globale et remet en cause son rôle dans la société milanaise. Apeuré par son Fils, le Père tombe dans la paranoïa, l’isolement et la violence, se défaisant ainsi de toute la force qui le caractérisait.

Affabulazione interroge la thématique de la rébellion dans la société, en se fondant sur un mythe oedipien inversé et en brassant les univers bourgeois, politiques et individuels.

Sélection d’avis du public

interessant Le 29 mai 2015 à 15h17

Belle mise en scène spectacle intéressant un peu hremétique amis j' ai aimé

In-supportable Par Bruce W. - 14 mai 2015 à 23h38

Insupportable, dans le sens le plus littéral du terme. Quel gâchis ! Alors que le texte est d'une subtilité et d'un engagement remarquable dans son exploration des rapports familiaux et sociétaux (on imagine le courage et la clairvoyance de Pasolini en connaissant le contexte de son écriture), alors que les décors sont impressionnants avec une mise en scène qui les déplace et les fait vivre, jusque vers une coda scénique poignante, alors alors... hélas, mille fois hélas, Nordey SURJOUE, SURJOUE tout, SURJOUE tout le temps, il passe TOUT EN FORCE, il croit peut-être que vivre un drame consiste à serrer tous les muscles de son corps et à tout surarticuler... in supportable, un désastre, ... un naufrage de tension et de nullité dans le jeu. Je voulais aimer cette pièce et je respecte par principe le travail d'un artiste, mais je demande à tous d'imaginer 2h20 d'un acteur bloqué dans une tension musculaire et phonique Permanente (littéralement, incessante)... C'est bien sûr complètement hors sujet et hors de propos avec le magnifique personnage de la pièce, censé être perdu, apeuré, résigné entre autres... Je n'aurai jamais le niveau pour jouer sur une grande scène, mais je sais, humblement, que le fondement du jeu d'acteur consiste à ménager ses effets, à avoir une palette pour émouvoir ; et bien lorsque l'on passe tout de suite tout en force, on joue sur la largeur d'un ticket de métro, on n'a plus rien à dire puisqu'on dit tout de la même façon... Voilà les metteurs et scènes et acteurs terrorisés par un magnifique texte et qui n'assumant pas de le jouer comme un bon acteur avec des nuances, veut absolument imposer sa patte, son truc, son tour de force... allez gâcher d'autres textes et d'autres argents publics, merci.

Ni pour le texte ni pour les acteurs Le 13 mai 2015 à 23h54

Et je suis restée jusqu'au bout (non sans difficulté).

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interessant Le 29 mai 2015 à 15h17

Belle mise en scène spectacle intéressant un peu hremétique amis j' ai aimé

In-supportable Par Bruce W. (1 avis) - 14 mai 2015 à 23h38

Insupportable, dans le sens le plus littéral du terme. Quel gâchis ! Alors que le texte est d'une subtilité et d'un engagement remarquable dans son exploration des rapports familiaux et sociétaux (on imagine le courage et la clairvoyance de Pasolini en connaissant le contexte de son écriture), alors que les décors sont impressionnants avec une mise en scène qui les déplace et les fait vivre, jusque vers une coda scénique poignante, alors alors... hélas, mille fois hélas, Nordey SURJOUE, SURJOUE tout, SURJOUE tout le temps, il passe TOUT EN FORCE, il croit peut-être que vivre un drame consiste à serrer tous les muscles de son corps et à tout surarticuler... in supportable, un désastre, ... un naufrage de tension et de nullité dans le jeu. Je voulais aimer cette pièce et je respecte par principe le travail d'un artiste, mais je demande à tous d'imaginer 2h20 d'un acteur bloqué dans une tension musculaire et phonique Permanente (littéralement, incessante)... C'est bien sûr complètement hors sujet et hors de propos avec le magnifique personnage de la pièce, censé être perdu, apeuré, résigné entre autres... Je n'aurai jamais le niveau pour jouer sur une grande scène, mais je sais, humblement, que le fondement du jeu d'acteur consiste à ménager ses effets, à avoir une palette pour émouvoir ; et bien lorsque l'on passe tout de suite tout en force, on joue sur la largeur d'un ticket de métro, on n'a plus rien à dire puisqu'on dit tout de la même façon... Voilà les metteurs et scènes et acteurs terrorisés par un magnifique texte et qui n'assumant pas de le jouer comme un bon acteur avec des nuances, veut absolument imposer sa patte, son truc, son tour de force... allez gâcher d'autres textes et d'autres argents publics, merci.

Ni pour le texte ni pour les acteurs Le 13 mai 2015 à 23h54

Et je suis restée jusqu'au bout (non sans difficulté).

Informations pratiques

La Colline (Théâtre National)

15, rue Malte Brun 75020 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Gambetta Librairie/boutique Restaurant Salle climatisée Vestiaire
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  • Bus : Gambetta - Pyrénées à 53 m, Gambetta à 57 m, Gambetta - Cher à 144 m, Gambetta - Mairie du 20e à 150 m
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    Stations vélib  : Gambetta-Père Lachaise n°20024 ou Mairie du 20e n°20106 ou Sorbier-Gasnier
    Guy n°20010

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Plan d’accès

La Colline (Théâtre National)
15, rue Malte Brun 75020 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 6 juin 2015

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