Gabriel Calderón

Gabriel Calderón

Un théâtre subversif briseur de tabous

Entretien avec Gabriel Calderón
Propos recueillis par Irène Sadowska Guillon
Espaces Latinos n° 274 - Janvier-février 2013


I. S. G. - Quels ont été à vos débuts vos modèles d’écriture dramatique et de mise en scène ?

G. C. - La première chose qui m’a fasciné c’était le travail dans des espaces non conventionnelsque j’ai découvert grâce à mon professeur, metteuse en scène uruguayenne, Mariana Perkovich qui aujourd’hui travaille avec moi dans ma compagnie. Elle m’a appris qu’il fallait chercher à faire du théâtre hors des salles institutionnelles, dans des espaces alternatifs et dans des situations de la vie quotidienne. Tchekhov disait « tout le théâtre devrait se faire en dehors du théâtre. » J’ai appris aussi que le théâtre non conventionnel avait besoin de metteurs en scène non conventionnels qui ne savent pas tout, qui doutent, se trompent et d’acteurs non conventionnels qui ne cherchent pas la sécurité mais prennent des risques et travaillent dans des conditions non conventionnelles pour un public non conventionnel qui ne s’assied pas pour regarder mais qui participe, bouge, parle.

I. S. G. - De quels courants du théâtre uruguayen, latino-américain ou européen vous sentez-vous proche ?

G. C. - J’ai été attiré par divers courants. À un moment par le théâtre allemand, surtout celui de Castorf et de Marthaler. Puis par un courant de théâtre latino-américain, chilien, argentin et uruguayen où on revenait à une grande économie de moyens scéniques pour aborder des conflits complexes. La dramaturgie française était toujours une référence pour moi, surtout Koltès, dont je lis et relis les oeuvres. C’est une grande école d’écriture. Le verbe chez lui est comme prédisposé pour devenir chair de l’acteur et action sur scène. Même si cela existe aussi chez Lagarce ou quelques autres, personne n’est arrivé à faire incarner le verbe comme l’a fait Koltès.

I. S. G. - Comment définiriez-vous l’évolution sur le plan formel et thématique de votre écriture ? Quelles en ont été les étapes ?

G. C. - Je ne dirais pas qu’il y a eu des étapes successives mais plutôt des vecteurs simultanés. J’écris à la fois deux ou trois types de théâtre différents selon mon état d’esprit. La première veine correspond plutôt à la recherche scénique sur le jeu d’acteur et sur l’espace qu’à l’écriture. Mi Muñequita résulte de ce type de recherche alors que les textes et la forme scénique de Ex, Ore, Uz, résultent de recherches beaucoup plus concrètes. Dans ces pièces l’humour et la radicalité sont des moyens de subversion du pouvoir de certaines institutions trop sacralisées dans mon pays : la religion, l’éducation, l’armée, la famille, la mémoire. Le troisième versant de mon écriture est lié à l’obscénité et à la pornographie, c’est-à-dire tout ce qui est de mauvais goût, grossier, incorrect et que le théâtre laisse en général en dehors de la scène. À cette veine appartiennent des pièces comme Mon petit monde porno, Un jour dans la vie de Monseigneur Rasguño.

I. S. G. - Quelles fonctions a aujourd’hui pour vous le théâtre face au passé, à la dictature uruguayenne et à ses conséquences ?

G. C. - Le théâtre a toujours pour fonction de déranger, d’incommoder, de dérouter le public qui exige avec chaque fois plus d’insistance de la distraction. Face à tout cela le théâtre, comme le bouffon de la cour, doit rire du roi, du pouvoir, de la culture officielle, des modes, en sachant qu’il risque sa tête. Pour ce qui est du théâtre politique et du rapport au passé il y a eu en Uruguay des changements substantiels. Durant des années nous avions développé un théâtre comme le faisait Hamlet, qui représentait le crime sur scène pour réveiller la conscience de ceux qui ne voulaient pas le voir. Tout le théâtre politique uruguayen se faisait sur ce modèle. Mais nous avons oublié quelque chose de fondamental, à savoir, tous ceux qui venaient voir ces pièces connaissaient parfaitement l’existence du crime. Ce théâtre au lieu de réveiller les consciences les tranquillisait.

Finalement tout se passait comme si Hamlet représentait le crime non pas devant Claudio mais devant un public d’Hamlet. Je pense que maintenant nous devons faire du théâtre comme si nous étions Claudio. Nous devons déranger la conscience d’Hamlet qui a oublié le crime en continuant à croire que la folie est sa réalité.

Cet(te) artiste n'est pas lié(e) en ce moment à un spectacle.

De 1999 à hier - Gabriel Calderón

Que crèvent tous les protagonistes

Théâtre 13 - Bibliothèque, Paris

du 5 au 24 nov. 2019
1h40
CONTEMPORAIN Pièce historique Terminé
  • De : Gabriel Calderón
  • Mise en scène : Sandrine Attard
  • Avec : Maël Besnard, Aymeric Lecerf, Marion Malenfant, Florence Muller, Grégoire Oestermann, Paul Emile Petre, Elisabeth Tamaris
Ana, une jeune trentenaire, est hantée par les non-dits et les secrets du passé liés à l’époque de la dictature en Uruguay dans les années 70. N’ayant trouvé aucune réponse à ses questions, elle demande à son fiancé de construire une « machine à remonter le temps » pour faire revenir les morts de sa famille. Le soir de Noël, ils ressurgissent. Passé et présent s’entremêlent donnant lieu à des situations cocasses. Un univers déjanté qui interroge sur la quête de la vérité et de l’identité.
Ouz – Le Village

Théâtre Darius Milhaud, Paris

du 29 nov. 2017 au 31 janv. 2018
CONTEMPORAIN Terminé
  • De : Gabriel Calderón
  • Avec : Cécile Barnier, Sandrine Beaudier, Emmanuel Delabre, Julien Doussot, Didier Gueydan, Magali Guittard, Michel Ronfard, Emmanuelle Sliman, Nawal Zouak
Dans le village d’Ouz, Grace, mère de famille exemplaire, fidèle croyante, entend soudain Dieu lui ordonner de tuer l’un de ses enfants pour prouver sa foi. Après avoir dit oui, reste à savoir lequel et comment. Armes, sang, manipulation, transgression, révélation… plus de pudeur, plus d’innocence !
Trilogie Caldéron - Mi Muñequita

Quartiers d'Ivry au Studio Casanova, Ivry-sur-Seine

du 29 sept. au 19 oct. 2014
1h10
CONTEMPORAIN En langue étrangère Terminé
  • De : Gabriel Calderón
  • Mise en scène : Adel Hakim
  • Avec : Andrés Alegría, Carlos Briones, Pablo Dubott, Ignacia Goycoolea, Carolina Alarcón, Angélica Martinez
Chargée de délires, de tragédies, de fantaisies, de grotesque et d’humour noir, Mi Muñequita ( Ma Petite Poupée ) explore les recoins étranges de la famille pour se confronter à de grands tabous. Spectacle en espagnol surtitré en français.
Trilogie Caldéron - Ouz, le village

Quartiers d'Ivry au Studio Casanova, Ivry-sur-Seine

du 29 sept. au 19 oct. 2014
1h15
CONTEMPORAIN Coup de cœur Terminé
  • De : Gabriel Calderón
  • Mise en scène : Gabriel Calderón
  • Avec : Véronique Ataly, Philippe Cherdel, Eddie Chignara, Louise Lemoine Torrès, Ana-Karina Lombardi, Lara Suyeux, Anthony Audoux, Bénédicte Choisnet, Etienne Coquereau, Matthieu Dessertine
Dieu parle à Grace, une femme ordinaire. Ce Dieu, comparable à celui, terrifiant, de la Bible, irascible, colérique, susceptible, autoritaire (avec lui le dialogue est impossible) exige de Grace qu’elle tue un de ses deux enfants  : il faut qu’elle choisisse entre Tom, un jeune homme plein de désirs et de projets, et l’autiste (et bien mystérieuse) Dorothée.
Trilogie Caldéron - Ore, Peut-être la vie est-elle ridicule?

Quartiers d'Ivry au Studio Casanova, Ivry-sur-Seine

du 30 sept. au 18 oct. 2014
1h15
CONTEMPORAIN Coup de cœur Terminé
  • De : Gabriel Calderón
  • Mise en scène : Adel Hakim
  • Avec : Véronique Ataly, Anthony Audoux, Philippe Cherdel, Eddie Chignara, Bénédicte Choisnet, Etienne Coquereau, Matthieu Dessertine, Louise Lemoine Torrès, Ana-Karina Lombardi, Lara Suyeux
Une fille a été enlevée par les militaires à une époque de dictature. Quelques années plus tard, son frère veut s’engager dans l’armée. Pour le père et la mère, cette décision du fils apparaît comme une insulte au passé. Arrive alors le Général et son fils, également militaire. Ils ont une mission  : l’armée a besoin de recrues en vue de combattre un nouvel ennemi.
Trilogie Caldéron - Ex, Que crèvent les protagonistes

Quartiers d'Ivry au Studio Casanova, Ivry-sur-Seine

du 17 au 21 avr. 2013
1h15
CONTEMPORAIN Terminé
  • De : Gabriel Calderón
  • Mise en scène : Gabriel Calderón
  • Avec : Natalia Acosta, Diego Artucio, Marisa Bentancur, Dahiana Méndez, Ramiro Perdomo, Gustavo Saffores, Alfonso Tort
EX est l’histoire d’une jeune fille habitée par une souffrance qui grandit avec le temps, une nécessité qui s’approfondit au fil des jours et un problème qui explose à la figure de tous ceux qui ne veulent pas l’écouter. Spectacle en espagnol, surtitré en français.
Trilogie Caldéron - Ouz, le village

Quartiers d'Ivry au Studio Casanova, Ivry-sur-Seine

du 18 mars au 14 avr. 2013
1h15
CONTEMPORAIN Coup de cœur Terminé
  • De : Gabriel Calderón
  • Mise en scène : Gabriel Calderón
  • Avec : Véronique Ataly, Philippe Cherdel, Eddie Chignara, Louise Lemoine Torrès, Ana-Karina Lombardi, Lara Suyeux, Anthony Audoux, Bénédicte Choisnet, Etienne Coquereau, Matthieu Dessertine
Dieu parle à Grace, une femme ordinaire. Ce Dieu, comparable à celui, terrifiant, de la Bible, irascible, colérique, susceptible, autoritaire (avec lui le dialogue est impossible) exige de Grace qu’elle tue un de ses deux enfants  : il faut qu’elle choisisse entre Tom, un jeune homme plein de désirs et de projets, et l’autiste (et bien mystérieuse) Dorothée.
Trilogie Caldéron - Ore, Peut-être la vie est-elle ridicule?

Quartiers d'Ivry au Studio Casanova, Ivry-sur-Seine

du 18 mars au 14 avr. 2013
1h15
CONTEMPORAIN Coup de cœur Terminé
  • De : Gabriel Calderón
  • Mise en scène : Adel Hakim
  • Avec : Véronique Ataly, Anthony Audoux, Philippe Cherdel, Eddie Chignara, Bénédicte Choisnet, Etienne Coquereau, Matthieu Dessertine, Louise Lemoine Torrès, Ana-Karina Lombardi, Lara Suyeux
Une fille a été enlevée par les militaires à une époque de dictature. Quelques années plus tard, son frère veut s’engager dans l’armée. Pour le père et la mère, cette décision du fils apparaît comme une insulte au passé. Arrive alors le Général et son fils, également militaire. Ils ont une mission  : l’armée a besoin de recrues en vue de combattre un nouvel ennemi.